Une journée parfaite

 

       Le soleil commençait à se lever, emmitouflée sous la couverture de mon lit, j’arrivais quand même à entendre le doux chant des oiseaux. Relevant ma couette, une vive lumière vint me caresser le visage. Je m’appelle Isabelle Sylver, mais tout le monde m’appelle Bella, je ne sais pas si on peut me qualifier de “belle” mais je préfère qu’on m’appelle comme ça. Je me lève, malgré mon envie irrésistible de retourner au lit.

        Plus tard, après m’être préparée, je descendais les marches de l’escalier à vive allure, pressée de prendre mon petit-déjeuner qui est encore chaud. Une odeur de crêpes chaudes me vint aux narines, accompagnée de sucre et de nutella. “Mes parfums préférés !” me dis-je intérieurement. Un bruit sourd interrompit le cours de mes pensées. Il provenait du jardin. Avec le peu de courage que j’avais, mes pas m’emportèrent en direction de la baie vitrée du salon. Penchant ma tête à travers les rideaux gris clairs, je ne crus pas ce que je vis. Une femme, portant une robe de l’ancien temps avec pour seul accessoire un parapluie mauve qui contrastait beaucoup avec les couleurs d’or et d’argent de sa gigantesque robe, se tenait là, dans mon jardin ! Mais ce qui retient le plus mon attention, c’est ce qu’elle avait dans le dos. Une grande paire d’aile transparente semblait bouger de manière effrénée.

    -Mais qu’est-ce que c’est que ça ?

J’avais détourné la tête à peine une seconde et elle avait disparu. Le souffle court, je me redressais en me persuadant que tout ceci n’était que le fruit de mon imagination mais…

    -BONJOUR !

Mon coeur ne fit qu’un bond dans ma poitrine. Voilà que la dame aperçue dehors était entrée !

Ne sachant quoi faire, je me précipitais par la porte d'entrée pour pouvoir m’échapper.

 “Maman, Papa pourquoi n’êtes vous jamais là quand il faut ? ” J’allais ouvrir la porte, mais une force invisible me retient et me propulsa dans les airs. J’ouvris alors les yeux et découvris que j’étais suspendue au plafond, j’étais littéralement en train de flotter.

    -Dites donc jeune fille, ce ne sont point des manières de dire bonjour. Ne vous a-t-on pas éduquée dans les bonnes et dues formes ?

Son parapluie avait changé, ce n’était plus qu’un bâton doré qui s'accordait parfaitement avec sa robe.                 

    -Etes-vous muette ?

    -No...Non.

Tout ce que je voulais, c’était retrouver le sol !

    -Si je te repose, tu ne vas pas essayer de t’enfuir ?

Ça m’a pris un moment, mais je finis tout de même par me calmer et faire un timide hochement de tête. Mon corps se mit alors à basculer vers l’avant pour que mes pieds puissent enfin retrouver la terre ferme.

    -Bien, laisse moi me présenter, je m’appelle Ambre et je suis une fée.

    -Ok j’appelle la police.

Joignant le geste à la parole, je me dirigeais en direction du téléphone quand il se transforma, sous mes yeux ébahis, en salade !

    -Bon écoute petite, je n’ai pas beaucoup de temps, je dois t’emmener avec moi.

    -M’emmener où ?

    -Tu verras bien, mais tu dois me faire confiance.

Elle tendit vers moi sa main frêle et délicate. Elle semblait tellement sincère. J’avais envie de la croire, mais c’était du délire. Je pris quand même sa main dans la mienne. A ce contact, un rayon intense de lumière nous envahit, la seconde d’après nous n’étions plus là.

 

***

 

   J’ouvris alors les yeux et tressaillis. Des arbres d’une hauteur impressionnante formaient différents sentiers à divers endroits. Dans le ciel, volait librement des pégases et d’autres animaux que je ne sus identifier. Ici, j’eus l’impression que chacun de mes sens s’étaient développés. L’herbe fraîche sous mes pieds, le vent chaud et léger venant du sud, l’odeur des fruits sucrés accrochés aux arbres….

    -Incroyable n’est-ce pas ? Je dois avouer que je n’avais jamais vu autant de lumière transporter une personne comme toi.

    -Merci ; enfin j’crois. Où sommes nous ?

    -Au royaume d’Avelya, prospère depuis plus de 500 000 ans, dirigé avec bienveillance par le Roi Apollon et la Reine Camille.

    -C’est du délire, je suis en plein rêve. Il faut que j’me réveille.

    -Non tu ne rêves pas je t’assure.

    -J’ai du mal à y croire...

    -Tu n’es pas la première humaine à être venue ici. D’autres fées mènent des humains tels que toi à Avelya.

    -Mais pourquoi?

    -Chaque chose en son temps, le roi et la reine t’expliqueront tout. Allez suis-moi.

N’ayant pas vraiment le choix, je la suivis en direction du sentier lumineux en face de nous. Au bout d’un moment, je me rendis compte que l’herbe s'éclairait sous chacun de nos pas, Ambre ne semblait pas étonnée de ce phénomène, ce qui me rassura un petit peu.

    -Regarde. Me dit-elle.

Devant nous, se dressait, majestueuse et radieuse une licorne d’un blanc pur et éblouissant.

    -Elles sont le symbole de la vie et de la fertilité, l’animal le plus pur que l’on puisse trouver.

       Les paroles de Ambre me parvinrent à peine. J’étais fascinée par cette magnifique créature. Poussant un hennissement de surprise, elle se mit à marcher dans notre direction. Je pouvais sentir ses muscles courts et puissants faire des vibrations dans le sol.

 

                                                                          ***

 

        “Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle…” Je ne cessai de me répéter cette phrase pendant au moins dix bonnes minutes. Moi qui ne croyais pas aux pégases et autres créatures surnaturelles, voilà que je me retrouve avec une fée à mes côtés,  un sol qui s’éclaire sous mes pieds, et pour couronner le tout, j’ai caressé la tête d’une licorne…

Mais tout cela ne pouvait pas être un rêve, ils ne durent jamais aussi longtemps et sont beaucoup moins réalistes, tandis que là, je pouvais tout percevoir.

       Au bout d’un moment, une cascade se dressa sur notre chemin. Elle était entourée d’arbre fruitier que je n’avais jamais vu, leurs fruits me faisaient quelque peu penser à la forme d’une cerise.

       On s’approcha alors des fruits et je pus en goûter un, ils étaient tout simplement succulents !

 

                                                                           ***

 

     La fatigue m’avait gagnée, et mes jambes ne me supportaient plus. Ambre m’avait montré tellement de choses et fait faire tellement de détours que le crépuscule était tombé. Je pense que la partie de “Darlif” avec les elfes avait été de trop même si je m’étais éclatée.

     Nous étions arrivées devant ce que je pensais être le château, j’allais enfin pouvoir rencontrer le roi et la reine et comprendre ce qui se passait. La fée et moi, traversâmes un pont d’or aux écrits incompréhensibles. Une large et grande porte se dressait devant nous, elle s’ouvrit alors en un seul mot d'Ambre dans une autre langue. Nous pénétrâmes dans un gigantesque hall aux couleurs claires et chatoyantes qui se mariaient parfaitement avec les couleurs du soleil couchant. En me concentrant sur le centre de la pièce, je pus voir deux personnes qui nous attendaient avec un sourire bienveillant.

         Le roi et la reine… disant ces mots, je me sentis aussitôt rougir et fis une révérence maladroite et timide.

    -Vous n’êtes pas obligée de faire cela mon enfant.

(Cette voix..)

Me redressant alors, je les regardais attentivement. Cheveux marrons, yeux verts, pommettes saillantes…

    -Papa ?! Maman ?! Mais que faîtes-vous ici ?

    -Surprise !

Au moins une chose qui n’a pas changé, les blagues nulles de mon père.

    -Mais c’est pas possible, c’est vraiment un rêve je ne peux pas y croire ! Dites-moi ce qui se passe ici !

    -Chaque chose en son temps mon enfant. La voix calme et posée de ma mère m’avait manqué.

    -Je pense avoir assez attendu ! Et c’est quoi ces noms ? Vous ne vous appelez donc pas Sophie et Nicolas ?

   -Ca aussi c’est compliqué. Mais je te promets qu’on en reparlera demain. Les yeux de mon père étaient emplis de bonheur. Ambre, merci beaucoup. Vous pouvez y aller.

    -Vos majestés.

          Sur ce, elle s'envola dans les airs me laissant seule avec mes nouveaux parents.

      Soudain, ma tête se mit à tourner violemment, le soleil jusqu’alors inoffensif, brûlait mes yeux et… plus rien, le noir.

         Je me réveille en sursaut dans mon lit, transpirante et haletante, mon coeur battant la chamade. Mon réveil affichait 7h30, “impossible”.

J’allais enfin me persuader que tout cela n’était qu’un rêve. Mais, un goût sucré dans ma bouche me prouva le contraire. Même si j’avais du mal à l’avouer cela avait été une journée incroyable.

 

Iiona Carillo